Chiara Indelicato • Les clapotis invisibles

Pelle di lava

Au milieu de l’océan, il est une île de laquelle on n’arrive pas à partir. Le temps y valse au rythme des saisons, jonglant entre la roche et la lave, s’imprégnant de sable et de sel. Et l’Homme existe, au milieu de ce climat fragile et rebelle, en s’adaptant. On y parle du volcan comme d’un organisme vivant, et l’île prend soudainement une identité réelle, comme un arbre grouillant d’une vie minuscule. Sur l’île, les ressources sont limitées et les produits chimiques ne peuvent être évacués. Pelle di lava est le fruit de la recherche d’un développement argentique éco-responsable, et, entre café et eau de mer, les images peuvent perdurer sur l’île, sans crainte de la blesser. C’est dans cette fascinante hostilité, parmi les cendres et sous le ciel, que les habitants se retrouvent ensemble à faire partie de cet étrange écosystème, à des dizaines de kilomètres du continent et de la vie si pressée qui l’accompagne. Et le volcan, primitif organisme, originelle entité qui sera là encore bien après nous, surveille notre passage éphémère sur ses terres ébènes et son flan épineux.

Les clapotis invisibles

Entendez vous le bruit des marées ? Celui qui, lorsqu’on est étranger aux terres du nord, vient chanter dans nos oreilles le temps qui passe, la lune qui se lasse… Les pas de Chiara Indelicato l’ont menée jusqu’aux rivages de Lorient, où avec d’autres âmes en quête d’un renouveau écologique, elle a mis en lumière le littoral breton au travers du regard de l’humain qui l’habite, sans jamais vraiment le regarder. Qui vit avec les marées, mais sans jamais les entendre. Les clapotis invisibles retracent le rapport humain à l’océan, au travers d’histoires communes qui se mêlent et s’entremêlent au rythme des vagues.

Clotilde Grovel