Un projet d’éducation artistique et culturelle d’Eric Courtet avec le Centre pénitentiaire de Lorient-Plœmeur
En octobre 2024, le photographe Eric Courtet a mené des ateliers de pratique photographique auprès d’un groupe de détenus et prévenus du Centre pénitentiaire de Lorient-Plœmeur. Ce projet a été porté par Le Lieu de la Photographie, avec le soutien de la DRAC Bretagne, les Services Pénitentiaires d’Insertion et de Probation et la Ligue de l’Enseignement.
Dix participants se sont investis dans les ateliers et ont produit, sous l’œil attentif et bienveillant du photographe, une série de photographies présentée sous la forme d’un film et de cartes postales.
Auteurs : B.D, KMZ, NS, Mathieu, Highlander Rop’s, YLG, Dom, Yann, Olivier, Yann B.A
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Still Life, (nos vies silencieuses)
Si on considère l’acte photographique comme une démarche d’aller vers les autres, en proposant un atelier au centre pénitentiaire de Ploemeur, je savais que j’allais partager quelque chose de singulier. Cette phrase de l’écrivain italien, Erri De Luca m’accompagnait : « j’attache de la valeur à la patience du condamné quelque soit sa faute. » Sans jugement, dans un espace réduit où le temps passe autrement, nous avons, ensemble, avec les dix prévenus et détenus, réalisé un travail de photographe. Lors des premières séances consacrées à la conception de récits photographiques à partir de tirages de lecture, à l’exercice de l’écriture, les participants se sont livrés sur leur rapport à l’image. Ils ont également dévoilé avec discrétion leur personnalité. Nous nous sommes rencontrés. Puis, en observant le travail de la photographe Claudine Doury, « L’homme nouveau », ils se sont photographié entre eux avec exigence et ont pris conscience de l’importance de la lumière, du regard, du « hors-champ » dans la réalisation de photographies de portraits. Ensuite, prévenus et détenus ont poursuivi le travail de prises de vue en réfléchissant à la conception d’un diptyque, avec la réalisation de deux photographies, l’une révélant une partie d’eux-mêmes, l’autre évoquant la mémoire, le manque, la relation avec l’extérieur… Ils ont ainsi pris conscience de la force narrative de la photographie. Ces diptyques sont aujourd’hui édités sous la forme de cartes postales
destinées aux proches.
Je cite le photographe Klavdij Sluban, : « lorsque je vais en prison, je vais au coeur de moi-même. » Depuis, ces cinq journées ont bousculé ma perception du monde. Merci à Mathieu, KMZ, Highlander Rop’s, Dom, NS, Yann, Olivier, B.D, Yann B.A et YLG pour la force de nos échanges et leur implication tout au long de l’atelier.
Eric Courtet