Où sont les filles ?

Une résidence de transmission dans le quartier de Bois du château

Des jeunes filles invisibles.

Le constat est général en France, en 2018 : les jeunes filles, à partir de 13-14 ans, commencent à déserter les maisons de quartiers, les centres socioculturels et autres espaces jeunes des villes de l’hexagone. Elles sont aussi bien moins présentes dans l’espace public, qu’elles traversent sans s’arrêter. Lorient n’échappe pas à ce constat, et c’est particulièrement vrai pour le quartier Bois du Château.

L’objectif de ce projet était donc de parler aux jeunes filles à partir de 13 ans jusqu’à environ 25 ans. De manière collatérale, il est aussi question de toucher les familles ainsi que les garçons du même âge. Cet atelier n’avait surtout pas vocation d’opposer les garçons aux filles, seulement de libérer sans concession une parole, un regard, mais toujours avec bienveillance.

L’objectif de ce projet était donc de parler aux jeunes filles à partir de 13 ans jusqu’à environ 25 ans. De manière collatérale, il est aussi question de toucher les familles ainsi que les garçons du même âge. Cet atelier n’avait surtout pas vocation d’opposer les garçons aux filles, seulement de libérer sans concession une parole, un regard, mais toujours avec bienveillance.

Il ne s’agissait pas d’essayer de déconstruire des représentations fortement ancrées chez certains habitants, mais bien de proposer aux usagers de prendre en main un outil culturel, qui pourrait leur permettre par la suite d’ouvrir leurs points de vue sur la société, dans une démarche d’éducation populaire. Le fait de fréquenter des évènements associatifs et culturels locaux, de rencontrer des gens, et de se déplacer sur le territoire, permet aussi à chacun d’ouvrir son champ de vision sur la Cité, et le monde en général.

Cette démarche, initiée depuis 2017 par La Ligue de l’Enseignement du Morbihan avec la Maison de quartier Bois du Château, et en 2018 avec la complicité du Lieu de la photographie et du réseau Diagonal, a été approfondie de mai 2017 à juillet 2019 grâce à l’intervention du photographe Antoine Vincens de Tapol. Connaissant déjà ce territoire, il a ainsi pu développer auprès du public bénéficiaire différents cycles de pratique photographique d’écriture, d’observation du territoire, afin d’aboutir à un projet artistique collectif.

©Antoine Vincens de Tapol

Antoine Vincens de Tapol

Anthropologue de formation, Antoine Vincens de Tapol s’est dirigé vers l’écriture documentaire via la photographie qui s’est avérée être pour lui le meilleur médium de rencontre vers l’autre. Il a ainsi compilé son approche anthropologique, l’écriture plus souple du documentaire dans laquelle l’auteur peut affirmer le « je », et la gamme artistique offerte par la photographie. Les techniques d’entretien sont la base de la matière ethnographique. En tant que photographe, il s’est beaucoup inspiré de cette méthodologie pour aller questionner le terrain lors de ses résidences dans le Morbihan, et notamment avec les adolescents qui constituent son public de prédilection.

Son travail est le fruit d’un questionnement qui nous concerne tous : « La place que l’Homme tient dans son environnement, qu’il soit social ou géographique. Quelle empreinte l’individu laisse-t-il au collectif et au territoire ? Et son pendant, comment la société détermine-t-elle l’individu ? »

Antoine Vincens de Tapol est le co-créateur, avec Marion Garandeau, de La fabrique des Rêves, projet ambitieux au croisement de la photographie et des arts plastiques, qui s’est attaché à travailler sur le rêve auprès de ceux qui s’y autorisent le moins. Ce projet a été finaliste du Prix de l’Audace artistique et Culturelle délivré par le ministère de la Culture. Naviguant entre Lorient et Paris, Antoine installe régulièrement son atelier itinérant dans le quartier de Bois du Château, auprès des jeunes du Collège Le Coutaller, de l’école Jean de la Fontaine, et de la Maison de quartier. Ses récents travaux questionnent les évolutions des espaces urbains, c’est donc tout naturellement que des liens se sont tissés, puisque « Ici, il fait partie du paysage».

Portrait d’Antoine Vincens de Tapol